Troubles anxieux
L'angle médical
Neuroanatomie
Comme dans la majorité des autres troubles psychiatriques, les symptômes d'anxiété sont associés à des variations quantifiables de l'activité du système limbique du système nerveux. Le système limbique situé au centre du cerveau est composé entre autre de l'hippocampe, impliqué dans la mémoire, et de l'amygdale, impliqué dans la régulation des humeurs. Tout n'est pas connu, mais sans surprise, toutes les structures cérébrales peuvent aussi être impliquées dans l'expérience de l'anxiété telles:
le cortex: la couche extérieure du cerveau composée de la "substance grise" en opposition à la "substance blanche" ou myéline qui compose surtout l'intérieur du cerveau;
le ganglion basal: système adjacent au système limbique surtout impliqué dans le mouvement. Ce système est entre autre composé de la "substance noire" qui est entre autre déficitaire chez les personnes atteintes de la maladie de Parkinson, donc un trouble neurologique menant à des problèmes de mouvements;
le thalamus, communément appelé la "secrétaire du cerveau" puisqu'il dirige les influx nerveux provenant de toute part vers la bonne destination. Il est situé à l'extrémité du tronc cérébral qui fait la jonction du cerveau avec la moelle épinière, ces fibres nerveuses de la colonne vertébrale;
le cervelet, cette protubérance ridée à côté du tronc cérébral, d'abord uniquement attribué à des fonctions de coordination du mouvement, aurait même un rôle dans la régulation des humeurs et d'autres fonctions cognitives dont la mémoire.
Neurobiologie
Tout ceci est très complexe et demeure encore mal compris. Au niveau moléculaire, plusieurs neurotransmetteurs sont impliqués. Ces neurotransmetteurs sont en quelque sorte les voitures sur les autoroutes que représentent les structures et circuits nerveux décrits ci-haut. Parmi ces neurotransmetteurs impliqué dans l'expérience de l'anxiété, il y a entre autres:
l'acide gamma-aminobutyrique ou GABA: le principal neurotransmetteur inhibiteur du système nerveux. Un déficit de GABA mène donc à un manque d'inhibition, donc une désinhibition, soit une excitation du système nerveux. Une excitation extrême du cerveau peut causer l'épilepsie. Les médicaments régulant le GABA sont donc également très utilisés chez nos collègues neurologues qui traitent cette condition.;
la sérotonine: communément appelée "l'hormone du bonheur", elle a un rôle central dans la gestion des humeurs, donc de l'anxiété aussi;
la noradrénaline ou norépinéphrine: c'est une "catécholamine" donc une "hormone du stress" au même titre que l'épinéphrine et la dopamine.
la dopamine: communément appelée "l'hormone du plaisir" est une autre catécholamine, donc aussi une "hormone du stress".
Évidemment tous ces neurotransmetteurs ou hormones ont plus que ces rôles expliqués très simplement ici. Ils sont également tous inter-reliés de sorte que l’augmentation de l'un à un endroit peut provoquer la diminution ou l’augmentation de l'autre au même endroit ou ailleurs dans le cerveau... Le traitement ne peut donc pas être simplifié à:
augmenter le GABA pour calmer l'excitation du cerveau qui cause du stress;
augmenter l'activité de la sérotonine;
diminuer l'activité des hormones du stress, soit la dopamine et la noradrénaline,
Schématisation très simplifiée de l'activité des 3 principaux neurotransmetteurs abordés en psychiatrie
Signes et symptômes
Je vulgarise les signes et symptômes ici en termes généraux. Pour les critères diagnostiques des troubles anxieux du DSM5 (Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders, 2013), le livre de référence utilisé aux États-Unis et Canada qui définit sous forme de critères spécifiques tous les troubles mentaux, rendez-vous ici.
Mise en garde
Notez qu'une personne est évaluée dans son ensemble et qu'un diagnostic, même fait par un professionnel, ne peut pas être uniquement basé sur un simple décompte de signes et symptômes. Parmi les autres éléments à prendre en considération, il y a l'épidémiologie, la chronologie/persistance dans le temps des signes et symptômes (longitudinaux ou transversaux), l'intensité, les impacts fonctionnels et socioprofessionnels, le contexte (facteurs biopsychosociaux situationnels, historiques ou longitudinaux, culturels, etc...), la personnalité, les facteurs médicaux, la réponse au traitement, etc...
Notez aussi que les signes et symptômes se chevauchent beaucoup en psychiatrie entre les différents diagnostics. Se sont typiquement les symptômes non spécifiques généraux tels la fatigue et la déprime ou le stress. Quelqu'un qui se sent déprimé n'est pas nécessairement dépressif au sens médical, mais pourrait certainement aussi avoir un diagnostic qui n'est pas nécessairement un trouble dépressif majeur (TDM), mais un trouble anxieux généralisé puisque l'anxiété chronique peut mener à un sentiment d'impuissance et donc de déprime. La personne pourrait aussi avoir plusieurs diagnostic ou être en voie d'avoir un diagnostic sans en avoir un (symptômes sous-syndromaux). Ainsi, le diagnostic est un acte complexe en plus d'être lourd en sens. Le diagnostic est un acte médical réservé. Les informations publiées ici sont uniquement à titre informatif et non à but diagnostic. Le but est donc de vous informer, alimenter votre réflexion et les futures discussions avec votre médecin.
Symptômes non spécifiques communs chez tous les troubles anxieux:
Symptômes davantage spécifiques à un trouble anxieux particuliers:
L'angle psychosocial
L'angle existentiel
Crtières diagnostiques du DSM5
Trouble d'anxiété sociale
A. Peur ou anxiété intenses d’une ou plusieurs situations sociales durant lesquelles le sujet est exposé à l’éventuelle observation attentive d’autrui. Des exemples de situations incluent des interactions sociales (p. ex. avoir une conversation, rencontrer des personnes non familières), être observé (p. ex. en train de manger ou boire) et des situations de performance (p. ex. faire un discours). N.B. : Chez les enfants, l’anxiété doit apparaître en présence d’autres enfants et pas uniquement dans les interactions avec les adultes.
B. La personne craint d’agir ou de montrer des symptômes d’anxiété d’une façon qui sera jugée négativement (p. ex. humiliante ou embarrassante, conduisant à un rejet par les autres ou à les offenser).
C. Les situations sociales provoquent presque toujours une peur ou une anxiété. N.B. : Chez les enfants, la peur ou l’anxiété peuvent s’exprimer dans les situations sociales par des pleurs, des accès de colère, ou des réactions de figement ; l’enfant s’accroche, se met en retrait ou ne dit plus rien.
D. Les situations sociales sont évitées ou subies avec une peur ou une anxiété intenses.
E. La peur ou l’anxiété sont disproportionnées par rapport à la menace réelle posée par la situation sociale et compte tenu du contexte socioculturel.
F. La peur, l’anxiété ou l’évitement sont persistants, durant habituellement 6 mois ou plus.
G. La peur, l’anxiété ou l’évitement entraînent une détresse ou une altération cliniquement significative du fonctionnement social, professionnel ou dans d’autres domaines importants.
H. La peur, l’anxiété ou l’évitement ne sont pas imputables aux effets physiologiques d’une substance (p. ex. substance donnant lieu à abus, médicament) ni à une autre affection médicale.
I. La peur, l’anxiété ou l’évitement ne sont pas mieux expliqués par les symptômes d’un autre trouble mental tel qu’un trouble panique, une obsession d’une dysmorphie corporelle, un trouble du spectre de l’autisme.
J. Si une autre affection médicale (p. ex. maladie de Parkinson, obésité, défigurement secondaire à une brûlure ou une blessure) est présente, la peur, l’anxiété ou l’évitement sont clairement non liés à cette affection ou excessifs.
Spécifier si :
Seulement de performance : Si la peur est limitée aux situations de performance ou de parler en public.
Trouble panique
A. Attaques de panique récurrentes et inattendues. Une attaque de panique est une montée brusque de crainte intense ou de malaise intense qui atteint son acmé en quelques minutes, avec la survenue de quatre (ou plus) des symptômes suivants : N.B. : La montée brusque peut survenir durant un état de calme ou d’anxiété.
Palpitations, battements de coeur sensibles ou accélération du rythme cardiaque.
Transpiration.
Tremblements ou secousses musculaires.
Sensations de « souffle coupé » ou impression d’étouffement.
Sensation d’étranglement.
Douleur ou gêne thoracique.
Nausée ou gêne abdominale.
Sensation de vertige, d’instabilité, de tête vide ou impression d’évanouissement.
Frissons ou bouffées de chaleur.
Paresthésies (sensations d’engourdissement ou de picotements).
Déréalisation (sentiments d’irréalité) ou dépersonnalisation (être détaché de soi).
Peur de perdre le contrôle de soi ou de « devenir fou ».
Peur de mourir.
B. Au moins une des attaques a été suivie par une période d’un mois (ou plus) de l’un ou des deux symptômes suivants :
Crainte persistante ou inquiétude d’autres attaques de panique ou de leurs conséquences (p. ex. perdre le contrôle, avoir une crise cardiaque, « devenir fou »).
Changement de comportement significatif et inadapté en relation avec les attaques (p. ex. comportements en lien avec l’évitement du déclenchement d’une attaque de panique, tels que l’évitement d’exercices ou de situations non familières).
C. La perturbation n’est pas imputable aux effets physiologiques d’une substance (p. ex. substance donnant lieu à abus, médicament) ou d’une autre affection médicale (p. ex. hyperthyroïdie, affection cardiopulmonaire).
D. La perturbation n’est pas mieux expliquée par un autre trouble mental (p. ex. l’attaque de panique ne survient pas exclusivement en réponse à des situations sociales redoutées comme dans l’anxiété sociale, ou en réponse à des objets ou situations phobogènes spécifiques, comme dans la phobie spécifique, ou en réponse à des obsessions, comme dans un trouble obsessionnel-compulsif, ou en réponse à un rappel d’événements traumatiques, comme dans un trouble stress post-traumatique, ou en réponse à la séparation des figures d’attachement, comme dans l’anxiété de séparation).
Agoraphobie
A. Peur ou anxiété marquées pour deux (ou plus) des cinq situations suivantes :
Utiliser les transports en commun (p. ex. voitures, bus, trains, bateaux, avions).
Être dans des endroits ouverts (p. ex. parking, marchés, ponts).
Être dans des endroits clos (p. ex. magasins, théâtres, cinémas).
Être dans une file d’attente ou dans une foule.
Être seul à l’extérieur du domicile.
B. La personne craint ou évite ces situations parce qu’elle pense qu’il pourrait être difficile de s’en échapper ou de trouver du secours en cas de survenue de symptômes de panique ou d’autres symptômes incapacitants ou embarrassants (p. ex. peur de tomber chez les personnes âgées, peur d’une incontinence).
C. Les situations agoraphobogènes provoquent presque toujours une peur ou de l’anxiété.
D. Les situations agoraphobogènes sont activement évitées, nécessitent la présence d’un accompagnant, ou sont subies avec une peur intense ou de l’anxiété.
E. La peur ou l’anxiété sont disproportionnées par rapport au danger réel lié aux situations agoraphobogènes et compte tenu du contexte socioculturel.
F. La peur, l’anxiété ou l’évitement sont persistants, durant typiquement 6 mois ou plus.
G. La peur, l’anxiété ou l’évitement causent une détresse ou une altération cliniquement significative du fonctionnement social, professionnel ou dans d’autres domaines importants.
H. Si une autre affection médicale (p. ex. maladie inflammatoire de l’intestin, maladie de Parkinson) est présente, la peur, l’anxiété ou l’évitement sont clairement excessifs.
I. La peur, l’anxiété ou l’évitement ne sont pas mieux expliqués par les symptômes d’un autre trouble mental ; par exemple, les symptômes ne sont pas limités à une phobie spécifique, de type situationnel, ne sont pas uniquement présents dans des situations sociales (comme dans l’anxiété sociale) et ne sont pas liés exclusivement à des obsessions (comme dans le trouble obsessionnel-compulsif), à des perceptions de défauts ou d’imperfections dans l’apparence physique (comme dans l’obsession d’une dysmorphie corporelle), à des rappels d’événements traumatiques (comme dans le trouble stress post-traumatique) ou à une peur de la séparation (comme dans l’anxiété de séparation).
Trouble d'anxiété généralisée
A. Anxiété et soucis excessifs (attente avec appréhension) survenant la plupart du temps durant au moins 6 mois concernant un certain nombre d’événements ou d’activités (telles que le travail ou les performances scolaires).
B. La personne éprouve de la difficulté à contrôler cette préoccupation.
C. L’anxiété et les soucis sont associés à trois (ou plus) des six symptômes suivants (dont au moins certains symptômes ont été présents la plupart du temps durant les 6 derniers mois) : N.B. : Un seul item est requis chez l’enfant.
Agitation ou sensation d’être survolté ou à bout.
Fatigabilité.
Difficultés de concentration ou trous de mémoire.
Irritabilité.
Tension musculaire.
Perturbation du sommeil (difficultés d’endormissement ou sommeil interrompu ou sommeil agité et non satisfaisant).
D. L’anxiété, les soucis ou les symptômes physiques entraînent une détresse ou une altération cliniquement significatives du fonctionnement social, professionnel ou dans d’autres domaines importants.
E. La perturbation n’est pas imputable aux effets physiologiques d’une substance (p. ex. substance donnant lieu à abus, médicament) ou d’une autre affection médicale (p. ex. hyperthyroïdie).
F. La perturbation n’est pas mieux expliquée par un autre trouble mental (p. ex. anxiété ou souci d’avoir une autre attaque de panique dans le trouble panique, évaluation négative dans l’anxiété sociale [phobie sociale], contamination ou autres obsessions dans le trouble obsessionnel-compulsif, séparation des figures d’attachement dans l’anxiété de séparation, souvenirs d’événements traumatiques dans le trouble stress post-traumatique, prise de poids dans l’anorexie mentale, plaintes somatiques dans le trouble à symptomatologie somatique, défauts d’apparence perçus dans l’obsession d’une dysmorphie corporelle, avoir une maladie grave dans la crainte excessive d’avoir une maladie, ou teneur de croyances délirantes dans la schizophrénie ou le trouble délirant).
Trouble obsessionnel-compulsif
A. Présence d’obsessions, de compulsions, ou des deux :
Obsessions définies par (1) et (2) :
Pensées, pulsions ou images récurrentes et persistantes qui, à certains moments de l’affection, sont ressenties comme intrusives et inopportunes, et qui entraînent une anxiété ou une détresse importante chez la plupart des sujets.
Le sujet fait des efforts pour ignorer ou réprimer ces pensées, pulsions ou images, ou pour les neutraliser par d’autres pensées ou actions (c.-à-d. en faisant une compulsion).
Compulsions définies par (1) et (2) :
Comportements répétitifs (p. ex. se laver les mains, ordonner, vérifier) ou actes mentaux (p. ex. prier, compter, répéter des mots silencieusement) que le sujet se sent poussé à accomplir en réponse à une obsession ou selon certaines règles qui doivent être appliquées de manière inflexible.
Les comportements ou les actes mentaux sont destinés à neutraliser ou à diminuer l’anxiété ou le sentiment de détresse, ou à empêcher un événement ou une situation redoutés ; cependant, ces comportements ou ces actes mentaux sont soit sans relation réaliste avec ce qu’ils se proposent de neutraliser ou de prévenir, soit manifestement excessifs. N.B. : Les jeunes enfants peuvent être incapables de formuler les buts de ces comportements ou de ces actes mentaux.
B. Les obsessions ou compulsions sont à l’origine d’une perte de temps considérable (p. ex. prenant plus d’une heure par jour) ou d’une détresse cliniquement significative, ou d’une altération du fonctionnement social, professionnel ou dans d’autres domaines importants.
C. Les symptômes obsessionnels-compulsifs ne sont pas imputables aux effets physiologiques d’une substance (p. ex. une substance donnant lieu à abus ou un médicament) ni à une autre affection médicale.
D. La perturbation n’est pas mieux expliquée par les symptômes d’un autre trouble mental (p. ex. des soucis excessifs dans le l’anxiété généralisée, une préoccupation avec l’apparence dans l’obsession d’une dysmorphie corporelle, une difficulté à se débarrasser ou à se séparer de possessions dans la thésaurisation pathologique (syllogomanie), le fait de s’arracher les cheveux dans la trichotillomanie, le fait de se provoquer des excoriations dans la dermatillomanie [triturage pathologique de la peau], des stéréotypies dans les mouvements stéréotypés, un comportement alimentaire ritualisé dans les troubles alimentaires, une préoccupation avec des substances ou le jeu d’argent dans les troubles liés à une substance et troubles addictifs, la préoccupation par le fait d’avoir une maladie dans la crainte excessive d’avoir une maladie, des pulsions ou des fantasmes sexuels dans les troubles paraphiliques, des impulsions dans les troubles disruptifs, du contrôle des impulsions et des conduites, des ruminations de culpabilité dans le trouble dépressif caractérisé, des préoccupations délirantes ou des pensées imposées dans le spectre de la schizophrénie et autres troubles psychotiques, ou des schémas répétitifs de comportement comme dans le trouble du spectre de l’autisme).
Trouble stress post-traumatique
N.B. : Les critères suivants s’appliquent aux adultes, aux adolescents et aux enfants âgés de plus de 6 ans. Pour les enfants de 6 ans ou moins, cf. les critères correspondants ci-dessous.
A. Exposition à la mort effective ou à une menace de mort, à une blessure grave ou à des violences sexuelles d’une (ou de plusieurs) des façons suivantes :
En étant directement exposé à un ou à plusieurs événements traumatiques.
En étant témoin direct d’un ou de plusieurs événements traumatiques survenus à d’autres personnes.
En apprenant qu’un ou plusieurs événements traumatiques sont arrivés à un membre de la famille proche ou à un ami proche. Dans les cas de mort effective ou de menace de mort d’un membre de la famille ou d’un ami, le ou les événements doivent avoir été violents ou accidentels.
En étant exposé de manière répétée ou extrême aux caractéristiques aversives du ou des événements traumatiques (p. ex. intervenants de première ligne rassemblant des restes humains, policiers exposés à plusieurs reprises à des faits explicites d’abus sexuels d’enfants). N.B. : Le critère A4 ne s’applique pas à des expositions par l’intermédiaire de médias électroniques, télévision, films ou images, sauf quand elles surviennent dans le contexte d’une activité professionnelle.
B. Présence d’un (ou de plusieurs) des symptômes envahissants suivants associés à un ou plusieurs événements traumatiques et ayant débuté après la survenue du ou des événements traumatiques en cause :
Souvenirs répétitifs, involontaires et envahissants du ou des événements traumatiques provoquant un sentiment de détresse. N.B. : Chez les enfants de plus de 6 ans, on peut observer un jeu répétitif exprimant des thèmes ou des aspects du traumatisme.
Rêves répétitifs provoquant un sentiment de détresse dans lesquels le contenu et/ou l’affect du rêve sont liés à l’événement/aux événements traumatiques. N.B. : Chez les enfants, il peut y avoir des rêves effrayants sans contenu reconnaissable.
Réactions dissociatives (p. ex. flashbacks [scènes rétrospectives]) au cours desquelles le sujet se sent ou agit comme si le ou les événements traumatiques allaient se reproduire. (De telles réactions peuvent survenir sur un continuum, l’expression la plus extrême étant une abolition complète de la conscience de l’environnement.) N.B. : Chez les enfants, on peut observer des reconstitutions spécifiques du traumatisme au cours du jeu.
Sentiment intense ou prolongé de détresse psychique lors de l’exposition à des indices internes ou externes évoquant ou ressemblant à un aspect du ou des événements traumatiques en cause.
Réactions physiologiques marquées lors de l’exposition à des indices internes ou externes pouvant évoquer ou ressembler à un aspect du ou des événements traumatiques.
C. Évitement persistant des stimuli associés à un ou plusieurs événements traumatiques, débutant après la survenue du ou des événements traumatiques, comme en témoigne la présence de l’une ou des deux manifestations suivantes :
Évitement ou efforts pour éviter les souvenirs, pensées ou sentiments concernant ou étroitement associés à un ou plusieurs événements traumatiques et provoquant un sentiment de détresse.
Évitement ou efforts pour éviter les rappels externes (personnes, endroits, conversations, activités, objets, situations) qui réveillent des souvenirs des pensées ou des sentiments associés à un ou plusieurs événements traumatiques et provoquant un sentiment de détresse.
D. Altérations négatives des cognitions et de l’humeur associées à un ou plusieurs événements traumatiques, débutant ou s’aggravant après la survenue du ou des événements traumatiques, comme en témoignent deux (ou plus) des éléments suivants :
Incapacité de se rappeler un aspect important du ou des événements traumatiques (typiquement en raison de l’amnésie dissociative et non pas à cause d’autres facteurs comme un traumatisme crânien, l’alcool ou des drogues).
Croyances ou attentes négatives persistantes et exagérées concernant soi-même, d’autres personnes ou le monde (p. ex. : « je suis mauvais », « on ne peut faire confiance à personne », « le monde entier est dangereux », « mon système nerveux est complètement détruit pour toujours »).
Distorsions cognitives persistantes à propos de la cause ou des conséquences d’un ou de plusieurs événements traumatiques qui poussent le sujet à se blâmer ou à blâmer d’autres personnes.
État émotionnel négatif persistant (p. ex. crainte, horreur, colère, culpabilité ou honte).
Réduction nette de l’intérêt pour des activités importantes ou bien réduction de la participation à ces mêmes activités.
Sentiment de détachement d’autrui ou bien de devenir étranger par rapport aux autres.
Incapacité persistante d’éprouver des émotions positives (p. ex. incapacité d’éprouver bonheur, satisfaction ou sentiments affectueux).
E. Altérations marquées de l’éveil et de la réactivité associés à un ou plusieurs événements traumatiques, débutant ou s’aggravant après la survenue du ou des événements traumatiques, comme en témoignent deux (ou plus) des éléments suivants :
Comportement irritable ou accès de colère (avec peu ou pas de provocation) qui s’exprime typiquement par une agressivité verbale ou physique envers des personnes ou des objets.
Comportement irréfléchi ou autodestructeur.
Hypervigilance.
Réaction de sursaut exagérée.
Problèmes de concentration.
Perturbation du sommeil (p. ex. difficulté d’endormissement ou sommeil interrompu ou agité).
F. La perturbation (symptômes des critères B, C, D et E) dure plus d’un mois.
G. La perturbation entraîne une souffrance cliniquement significative ou une altération du fonctionnement social, professionnel ou dans d’autres domaines importants.
H. La perturbation n’est pas imputable aux effets physiologiques d’une substance (p. ex. médicament, alcool) ou à une autre affection médicale.
Trouble stress aigu
A. Exposition à la mort effective ou à une menace de mort, à une blessure grave ou à des violences sexuelles d’une (ou plus) des façons suivantes :
En étant directement exposé à un ou plusieurs événements traumatiques.
En étant témoin direct d’un ou de plusieurs événements traumatiques survenus à d’autres personnes.
En apprenant qu’un ou plusieurs événements traumatiques est/sont arrivés à un membre de la famille proche ou à un ami proche. N.B. : Dans les cas de mort effective ou de menace de mort d’un membre de la famille ou d’un ami, le ou les événements doivent avoir été violents ou accidentels.
En étant exposé de manière répétée ou extrême à des caractéristiques aversives du ou des événements traumatiques (p. ex. intervenants de première ligne rassemblant des restes humains, policiers exposés à plusieurs reprises à des faits explicites d’abus sexuels d’enfants). N.B. : Cela ne s’applique pas à des expositions par l’intermédiaire de médias électroniques, télévision, films ou images, sauf quand elles surviennent dans le contexte d’une activité professionnelle.
B. Présence de neuf (ou plus) des symptômes suivants de n’importe laquelle des cinq catégories suivantes : symptômes envahissants, humeur négative, symptômes dissociatifs, symptômes d’évitement et symptômes d’éveil, débutant ou s’aggravant après la survenue du ou des événements traumatiques en cause :
Symptômes envahissants
1. Souvenirs répétitifs, involontaires et envahissants du ou des événements traumatiques provoquant un sentiment de détresse. N.B. : Chez les enfants de plus de 6 ans, on peut observer un jeu répétitif exprimant des thèmes ou des aspects du traumatisme.
2. Rêves répétitifs provoquant un sentiment de détresse dans lesquels le contenu et/ou l’affect du rêve sont liés à l’événement/aux événements traumatiques. N.B. : Chez les enfants, il peut y avoir des rêves effrayants sans contenu reconnaissable.
3. Réactions dissociatives (p. ex. flashbacks [scènes rétrospectives]) au cours desquelles l’individu se sent ou agit comme si le ou les événements traumatiques allaient se reproduire. (De telles réactions peuvent survenir sur un continuum, l’expression la plus extrême étant une abolition complète de la conscience de l’environnement.) N.B. : Chez les enfants, on peut observer des reconstitutions spécifiques du traumatisme au cours du jeu.
4. Sentiment intense ou prolongé de détresse psychique lors de l’exposition à des indices internes ou externes pouvant évoquer ou ressembler à un aspect du ou des événements traumatiques en cause.
Humeur négative
5. Incapacité persistante d’éprouver des émotions positives (p. ex. incapacité d’éprouver bonheur, satisfaction ou sentiments affectueux).
Symptômes dissociatifs
6. Altération de la perception de la réalité, de son environnement ou de soi-même (p. ex. se voir soi-même d’une manière différente, être dans un état d’hébétude ou percevoir un ralentissement de l’écoulement du temps).
7. Incapacité de se rappeler un aspect important du ou des événements traumatiques (typiquement en raison de l’amnésie dissociative et non pas en raison d’autres facteurs comme un traumatisme crânien, l’alcool ou des drogues).
Symptômes d’évitement
8. Efforts pour éviter les souvenirs, pensées ou sentiments concernant ou étroitement associés à un ou plusieurs événements traumatiques et provoquant un sentiment de détresse.
9. Efforts pour éviter les rappels externes (personnes, endroits, conversations, activités, objets, situations) qui réveillent des souvenirs, des pensées ou des sentiments associés à un ou plusieurs événements traumatiques et provoquant un sentiment de détresse.
Symptômes d’éveil
10. Perturbation du sommeil (p. ex. difficulté d’endormissement ou sommeil interrompu ou agité).
11. Comportement irritable ou accès de colère (avec peu ou pas de provocation) qui s’expriment typiquement par une agressivité verbale ou physique envers des personnes ou des objets.
12. Hypervigilance.
13. Difficultés de concentration.
14. Réaction de sursaut exagérée.
C. La durée de la perturbation (des symptômes du critère B) est de 3 jours à 1 mois après l’exposition au traumatisme. N.B. : Les symptômes débutent typiquement immédiatement après le traumatisme mais ils doivent persister pendant au moins 3 jours et jusqu’à 1 mois pour répondre aux critères diagnostiques du trouble.
D. La perturbation entraîne une détresse cliniquement significative ou une altération du fonctionnement social, professionnel ou dans d’autres domaines importants.
E. La perturbation n’est pas due aux effets physiologiques d’une substance (p. ex. médicament ou alcool) ou à une autre affection médicale (p. ex. lésion cérébrale traumatique légère), et n’est pas mieux expliquée par un trouble psychotique bref.
Troubles de l’adaptation avec anxiété
A. Survenue de symptômes émotionnels ou comportementaux en réponse à un ou plusieurs facteurs de stress identifiables dans les 3 mois suivant l’exposition au(x) facteur( s) de stress. Nervosité, inquiétude, énervement ou anxiété de séparation sont au premier plan.
B. Ces symptômes ou comportements sont cliniquement significatifs, comme en témoigne un ou les deux éléments suivants :
Détresse marquée hors de proportion par rapport à la gravité ou à l’intensité du facteur de stress, compte tenu du contexte externe et des facteurs culturels qui pourraient influencer la gravité des symptômes et la présentation.
Altération significative du fonctionnement social, professionnel ou dans d’autres domaines importants.
C. La perturbation causée par le facteur de stress ne répond pas aux critères d’un autre trouble mental et n’est pas simplement une exacerbation d’un trouble mental préexistant.
D. Les symptômes ne sont pas ceux d’un deuil normal.
E. Une fois que le facteur de stress ou ses conséquences sont terminés, les symptômes ne persistent pas au-delà d’une période additionnelle de 6 mois.
Référence
Crocq, M.-A., Guelfi, J. D., American Psychiatric Association., & American Psychiatric Association. (2015). DSM-5: Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux. Issy-les-Moulineaux: Elsevier Masson.